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J'en ai marre aussi des nez rouges ou : La route aux digitales. Le silence de ce journal n'est pas un silence décidé qui signifierait
"j'arrĂȘte ce journal". Il est le rĂ©sultat d'un choix fait de vivre mon prĂ©sent au prĂ©sent et pendant qu'il en est encore temps, ce qui rend difficile
de s'arrĂȘter pour "raconter".
Ces derniers mois, j'ai beaucoup bougé, géographiquement, psychologiquement, physiquement.
SĂ©jours Ă Londres (opĂ©ra Einstein on the beach de P.Glass), Chinon, Saint-Malo (festival des Ă©tonnants voyageurs), Villeneuve d'Ascq, Bruges, Gand, baie de Somme, Saint-Amand Montrond...Pour le plaisir de boire Ă de nouvelles terrasses, revoir des chefs d'Ćuvre de ma jeunesse (retable de l'agneau mystique de Van Eyck Ă Gand, triptyque de JĂ©rĂŽme Bosch (le jugement dernier), sans parler du jugement de Cambyse de GĂ©rard David dĂ©jĂ Ă©voquĂ© dans ce journal...) Se faire voyeur, faire des photos et commenter la tenue des gens qui passent, ĂȘtre avec qui on est bien, laisser venir au fil des verres
de vin blanc quelques rĂȘves
ou désirs inassouvis, essayer encore de prendre un peu de monde dans ses yeux, tout en sachant
que ce ne sont pas forcément les voyageurs qui racontent le mieux leurs voyages ou leurs épopées, et que
ceux qui les racontent bien en général n'ont pas voyagé. C'est ce que dit Bergounioux dans le film de Godard.
Ce journal n'est donc pas clos. Il est simplement dans une compétition perdante pour lui en ce moment, d'autant plus que j'ai
repris l'écriture (sur papier, sur ordi, sur tout ce qui est à portée de la main quand les phrases viennent...)
et que je m'apprĂȘte Ă reprendre la peinture, avec quelques projets concernant ces deux activitĂ©s nĂ©cessaires et vitales, je m'en rends compte une fois de plus.
Comment imaginer autrement les annĂ©es qui me restent peut-ĂȘtre Ă vivre ? La digitale pourpre qui foisonne cette annĂ©e sur le chemin qui mĂšne Ă la maison est une plante trĂšs toxique
qui peut ĂȘtre mortelle si on l'utilise mal
tant elle agit sur le cĆur.
J'y pense Ă chaque fois que je passe devant. C'est comme si la mort me tendait la main et se rappelait Ă mon bon souvenir.
C'est peut-ĂȘtre elle qui me donne envie de voyager, d'Ă©crire, de peindre, pendant qu'il en est encore temps, d'espĂ©rer encore, profiter de ce sentiment amoureux qui m'habite encore. Cette route aux digitales finalement me force Ă choisir la vie et rester debout. Si je regarde mon agenda, ce journal risque d'ĂȘtre encore silencieux quelque temps. Mais que voulez-vous faire devant ce cĆur qui bat trop vite ? |